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La technologie française va bien, très bien

Car oui, il faut le dire, c'était quand-même un peu la crise. Un peu plus et on aurait pu croire - horreur - que la France n'innovait plus. Qu'elle n'était plus compétitive. Qu'elle s'était laissée dépasser par ses voisins, outre Rhin, outre manche ou même - ignominie suprême - outre atlantique.

Heureusement, le gouvernement veille et dès qu'un dérapage est en vue, il agite ses petits bras musclés afin de pouvoir pomper de l'argent plus vite. C'est important.

Du coup, là, plutôt que de relancer l'industrie, la high-tech, l'économie, non, l'état vient de décider de remonter le moral des troupes. Souriez, c'est vous.

http://www.gouvernement.fr/amazing-french-tech

A titre d'information, vous n'êtes pas tombé sur le dernier Comic de Marvel. Non. C'est bien le site officiel du gouvernement Français. Plutôt que d'appliquer les recettes - pourtant connues de tous - pour relancer le pays, ces connards se tripotent la nouille pour nous pondre ces conneries qu'on croirait sorties d'un autre âge.

Bordel, c'est à ça que servent mes impôts? J'ai encore moins envie de payer d'un coup, et pourtant j'en avais déjà pas beausoup envie avant.

Je... je... plus rien ne me vient... je n'ai plus de mots. Connards.

Loi Renseignement: non, je n'en veux pas

Ça y est, le fascisme est à nos portes. Et quand je dis à nos portes, c'est du mauvais côté de nos portes dans la mesure où les députés ont déjà approuvé le projet de loi. Donc ça y est, la balance entre les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) est définitivement brisée et l'exécutif s'abroge la grosse part du gâteau en ayant légalement le droit d'écouter tous les citoyens.

Certains me diront que les terroristes avaient la vie trop belle jusqu'à présent et qu'il fallait faire quelque chose. En effet, on peut poser cet argument, et il serait recevable si les mesures prises n'avaient pas deux effets pervers: en premier lieu, elles ne permettront pas de choper de terroristes (non, même pas à la marge) et en second lieu elles octroient un pouvoir à l'exécutif qui est largement trop important. Pour autant que j'ai confiance dans le président en place actuellement pour ne pas emprisonner ses opposants politiques en masse, c'est maintenant possible et légal.

Reprenons, reprenons. Pourquoi la surveillance en masse d'internet ne permettra pas de choper de terroristes?

En premier, on pourrait juste constater l'état de l'art des algorithmes de traitement automatiques sur le sujet. Avec un algorithme fiable à 99.9% on aurait encore un nombre de personnes marquées comme terroristes alors qu'ils ne le sont pas qui dépasse l'entendement. C'est ce qu'on appelle des faux positifs. Avec de la pub, si on arrive à cibler à 90% et que du coup dans 10% des cas on affiche une mauvaise pub, c'est pas grave. On a fait un affichage pour rien et voilà. Personne n'est mort. Avec du ciblage de terroristes on ne peut pas faire n'importe quoi. Un faux positif de l'algorithme doit être analysé car il ne peut être traité automatiquement. De plus, Pour que des algorithmes de data mining marchent, il faut beaucoup de données. Or, il n'y a que très peu de terroristes. Très très peu. Du coup, pas beaucoup de comportements à analyser et donc des algorithmes très peu efficaces.

Du coup, ces algorithmes sont inutiles et plus rien ne justifie que les forces de police aient un flux constant de TOUT ce qui passe sur Internet.

Ensuite il suffit de regarder les maigres résultats de la HADOPI pour se rendre compte qu'encrypter ses communications est aujourd'hui un jeu d'enfant. Une fois que tout est encrypté, plus aucune surveillance ne fonctionnera. Tout algorithme automatique est alors à exclure. C'est un jeu de dupes.

Enfin, on peut juste regarder les résultats à l'étranger. Grâce à Edward Snowden on sait que finalement, même si c'est illégal, la NSA espionne tout le monde depuis longtemps. Ils ont même des algorithmes de data mining en place depuis longtemps. Et pourtant, tout semble indiquer que les techniques d'investigations traditionnelles fonctionnent mieux que tous les algorithmes de la terre (le lien est en anglais).

Bon, bon, tout cela n'a pas bien l'air efficace. Mais bon, si ça permet d'en prendre ne serait-ce qu'un seul, ça vaut bien la peine non?

Non. En premier, comme tout cela est largement moins efficace que du bon vieux travail de terrain, on ferait mieux d'investir tous les millions dépensés là dedans dans du terrain. On aurait trouvé plus de terroristes.

En second lieu, la balance des pouvoirs penche désormais dangereusement en faveur de l'exécutif. Car s'il a le droit d'écouter la France entière il donc désormais un pouvoir considérable. Il peut en toute légalité faire condamner n'importe lequel de ses opposants. En effet, au vu de la complexité et de l'épaisseur des codes civils, pénal et la myriade d'autres, tout le monde en France est dans l'illégalité. C'est mathématique. Respecter la loi est devenu une tâche impossible bien au delà des capacités du citoyen moyen.

Enfin, on peut prévoir un impact clair et certain sur l'emploi, et très négatif celui-là. Comme un des pays ayant légalisé l'espionnage en masse, il est plus que probable qu'un certain nombre des clients étrangers de nos hébergeurs nationaux se carapatent vite fait ailleurs. Et même s'ils ne s'en vont pas, pour le choix de leurs prochains serveurs ils privilégieront sans doute des structures à l'étranger.

Voilà... pour terminer, un petite citation de Benjamin Franklin, ou en tout cas une phrase qui lui est souvent attribuée:

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.

— Benjamin Franklin

Hausse record des impôts locaux à prévoir en 2015

Vous l'avez tous vu, le président à promis pour 2015 que, je cite, il n'y aura pas d'impôt supplémentaire sur qui que ce soit. En voilà une belle promesse. Mais là encore, François joue sur les mots. Ce qu'il voulait dire c'est qu'il ne votera pas de hausse des impôts. Ça se joue à pas grand chose finalement.

Comme on peut le lire un peu partout, notre cher président a enfin décidé de réduire les dépenses dans son budget 2015. En effet, il prévoit une baisse drastique des dotations des collectivités locales. C'est 3.7 milliards d'Euros de gagnés pour l'état et 11 milliards cumulés sur les trois prochaines années.

Bien heureusement, l'assemblée nationale a tout de suite fait voter un amendement prévoyant une aide de 423 millions d'euros pour certaines collectivités. C'est tout-à-fait typique du gouvernement: on vous prend d'un côté et on vous en redonne un peu moins de l'autre. Et évidemment, le gouvernement en garde un peu au passage. Des frais de gestion en somme. D'une inefficacité crasse, mais bien commun de nos jours. On nourrit la beuête immonde en lui injectant de l'argent. Mais je m'égare.

Revenons à nos moutons. Les chroniqueurs du Monde, nous prédisent que ceci va engendrer une chute drastique de l'investissement local. Je n'en crois rien. En tout cas pas tout de suite. En effet, il est déjà tard dans l'année et ce genre de réduction de dotation a bien des chances d'avoir pris les collectivités locales par surprise.

De fait, personne n'a attendu M. Hollande pour engager des dépenses. Dans ces dépenses on peut trouver des projets d'investissements entamés, des dettes à rembourser, des écoles à faire tourner, des employés à payer, et ce n'est que ce qui me passe par la tête. Et ça, ce ne sont pas des dépenses qu'on peut réduire du jour au lendemain... Comme d'un autre côté la loi oblige lesdites collectivités locales à voter un budget équilibré, on voit poindre un problème pour début 2015. Comment voter un budget équilibré dans ces conditions? Moins d'argent d'un côté, autant de dépenses engagées de l'autre. Dur.

Voilà pourquoi il faut s'attendre à une hausse des impôts locaux sans précédent l'année prochaine, et à tous les niveaux: régions, départements, communes... D’autant que le cycle électoral y est favorable, puisque c’est en début de mandat que les impôts augmentent en général, laissant aux contribuables le soin d'oublier ça pour les prochaines élections.

Encore une fois, plutôt que d'essayer de dépenser moins, l'état préfère continuer dans sa politique de l'autruche. Et les répercussions — comme d'habitude — se feront sentir sur les victimes habituelles. Vous. Nous. Les contribuables.

C'est à ce moment précis que François Hollande pourra prétendre qu'il n'y est pour rien. Regardez, c'est eux qui ont augmenté les impôts, et en tant que président je ne peux pas m'y opposer. Les collectivités locales sont financièrement indépendantes...

Bien joué.

Montebourg repique à l'INSEAD

On peut lire depuis quelques jours qu'Arnaud Montebourg reprend ses études pour fonder une entreprise. Je dois dire que ça m'en bouche un coin. L'article du figaro nous en apprend un peu plus. Le cursus qu'il va suivre s'appelle Advanced Management Program et il a pour but, je cite, de Transform[ing] senior executives into great business leaders, en d'autres termes, transformer les cadres expérimentés en grand dirigeants d'entreprise. Déjà, de mon point de vue, on part assez mal.

En effet, notre bon Arnaud n'a rien d'un cadre expérimenté. Il a commencé sa carrière comme avocat à la Cour d'appel de Paris en 1990 puis il est élu député de Saône-et-Loire en 1997. A partir de là, son parcours ne s'éloignera plus guère du PS. Porte parole de Ségolène Royal pour l'élection présidentielle de 2007 (déjà, son jugement était vacillant), candidat aux primaires socialistes pour l'investiture à l'élection présidentielle de 2012 puis deux postes de ministre — Ministre du Redressement productif puis de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique. Voilà son parcours. Merci à Wikipedia pour l'info.

Notez que dans tout ça il n'a jamais mis les pieds dans une entreprise. Il n'a donc rien d'un cadre. Alors un cadre expérimenté...

J’ai décidé de reprendre des cours parce que diriger une boîte est un vrai métier, je m’en suis rendu compte ces deux dernières années

En effet, diriger une boîte est un vrai métier. Mais je ne sais toujours pas comment il a pu s'en rendre compte pendant ses deux années au gouvernement. Probablement entre une déclaration tonitruante et un cocktail au ministère. Il a dû en discuter avec des chefs d'entreprise autour d'une coupe de champagne. Je ne vois rien d'autre. Une expérience de première main, donc.

Enfin, et tout à son crédit, après être passé au ministère des finances, il est en effet grand temps que le monsieur apprenne à balancer un budget et prendre des décisions réfléchies et concertées.

Mieux vaut tard que jamais.

Drones et centrales nucléaires: que fait l'état?

Rien.

En tous cas rien de visible.

Petit rappel pour ceux qui ne suivraient pas l'actualité française: depuis quelques semaines, EDF (Electricité de France) se plaint que des drones survolent leurs centrales nucléaires. L'état ne fait donc rien.

Oui, d'accord, mais que pourrait-il bien faire ? Et puis aussi, est-ce qu'il y a vraiment des choses à faire ?

En premier lieu, rappelons que le survol d'une centrale nucléaire est interdit par la loi. C'est aussi simple que ça. Donc, à la question "faut-il faire quelque chose" je pense que la réponse est oui.

D'autre part, le fait que le survol des centres soit interdit tendrait à indiquer qu'il y aurait un risque à laisser quiconque les survoler. Si vraiment il n'y avait pas de soucis, il suffirait de supprimer cette loi et d'arrêter d'en parler. Je sais, je sais, supprimer une loi est une chose tellement incongrue...

Mais rappelez-vous que le but ultime des terroristes est bien de semer la terreur, pas tellement de provoquer un cataclysme massif. Le 11 septembre 2011 est bien une exception à cet égard.

Or, pour le commun des mortels, celui qui n'y connaît rien en termes de centrales nucléaires — comme moi — celle-ci sont bien une faiblesse perçue par le grand public. En effet, on imagine que c'est un grand catalyseur. Une bombe de taille modérée pourrait transformer une centrale en bombe atomique. Encore une fois, les faits ne comptent pas. Seule la psyché nationale compte. Pour semer la terreur, ça suffit.

Même si je reste persuadé que ces drones sont opérés par des ados du coin pour s'amuser un peu, il est difficile d'imaginer que les terroristes n'y aient pas pensé. Une petite bombe bien placée pourrait avoir des effets "intéressants":

  • Un joli barouf médiatique. Au vu de la couverture des événements actuels, je dirai que c'est facile à imaginer. Et les médias s'y connaissent pour faire le contraire de ce qu'il faudrait.
  • Mettre hors service la centrale. Ça a l'air bête mais on ne rigole pas avec le nucléaire, du coup, quelle que soit l'ampleur des dommages il est probable que la centrale soir fermée grâce à notre beau principe de précaution.
  • Du coup, s'ils réitéraient l'opération sur plusieurs centrales, ils pourraient mettre à mal la production électrique française. Je vous laisse imaginer l'ampleur des dégâts que provoquerait une coupure d'électricité de grande envergure (à la fois géographique et temporelle).
  • Avoir une chance — aussi petite soit-elle — de faire sauter la centrale.

Bref, une centrale nucléaire est donc très certainement une cible de choix pour tout apprenti terroriste.

D'autre part, je ne peux pas imaginer qu'on ne puisse rien faire contre ces drones. Ça ne paraît pourtant pas bien compliqué... Ce ne sont que quelques bouts de plastique, quatre moteurs et quatre ventilateurs. Ouvrir le feu (de façon responsable) sur ces drones semble assez simple. Si ce sont des ados en manques de sensations, ils vont probablement en avoir pour leur compte. Si ce sont des terroriste, ça fera passer un signal. Mais surtout, il y a de fortes chances que cela fasse cesser ces survols.

On n'a pas sept mille centrales non-plus en France. Pourquoi ne pas y faire séjourner l'armée pour quelques semaines, histoire de voir de quoi il retourne? On pourrait même invoquer le principe de précaution pour le coup, et ça serait pas mal. Ça permettrait à nos militaires de faire un peu d'exercice. Le tir sur cible mouvante, c'est toujours rigolo.

En plus, il me semble assez simpliste de trouver un système de détection pour trouver le "pilote" de l'engin. Ces appareils sont pilotés par des smartphones ou des ordinateurs, généralement reliés par Wifi. Je ne pense pas qu'il soit déraisonnable de penser qu'on est de nos jours capables de détecter la source de ce genre de signal. Même si le spectre radio est ma foi fort encombré ces temps-ci. Mais si on n'est pas capable de le faire aujourd'hui, je pense que ça serait pas mal qu'on s'y mette. Voilà une occasion rêvée.

Evidemment, cela impliquerait de notre exécutif prenne une décision autre que de créer un nouveau prélèvement ou augmenter l'assiette d'une taxe. Et ça fait tellement longtemps que ça n'est pas arrivé...