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d'Outreau réglé?

Je lis dans la presse que "Dominique Perben a présenté hier une série de réformes préconisées par un rapport sur l'affaire d'Outreau, qui devraient être mises en application dans les prochains mois pour éviter une nouvelle « catastrophe judiciaire » ". C'est bel et bon, mais auront-ils su tirer les conclusions qui s'imposent ? Je lis un tas d'âneries, qui ne seront pas forcément totalement inutiles mais qui ne font que contourner le problème:
1. Examen de la détention provisoire tous les six mois. Super. En cas d'erreur, on ne passera plus que six mois en prison, trois fois rien. En tout cas pas de quoi briser une vie ou une carrière. Et dans le meilleur des cas, celui où l'examen de la détention provisoire trouverait chose à redire.
2. Dans les affaires criminelles « complexes » , plusieurs juges seront co-saisis pour permettre des « regards croisés » sur le dossier. Super, encore. Une folle accuse 17 personnes d'être pédophiles. Est-ce que cela constitue une affaire criminelle "complexe"? Pas sûr.

Voilà le retour de leur investigations. Pour éviter les erreurs judiciaires, on met un garde-fou ici, et on aide les juges sur les dossiers difficiles par là. Ca peut marcher. Pour les erreurs juduciaires. Aprés tout, les juges sont des êtres humains, et en tant que tel ils sont prones à l'erreur, comme tout un chacun.

Ca fait peur! Comment peut-on se tromper à ce point?

Essayons donc de bien comprendre ce qu'il s'est passé, et pourquoi:
  • Le procés d'Outreau n'est pas une erreur judiciaire commune. Le juge n'a pas fait une erreur! Il a été indiscutablement irresponsable et dangereux dans l'exercice de ses fonctions. Il aurait travaillé dans le privé, il se serait fait licencier pour "Faute Professionnelle Grave". Mais voilà, les juges ont une impunité qui leur permet de faire toutes les conneries qu'ils veulent (en l'occurence, ici, elle n'était pas mauvaise). Mais comment ce juge en est-il arrivé là?
  • Il sort tout frais émoulu de l'école de la magistrature au moment du procés, et celui-ci est l'un de ses tout premiers dossiers. Avec un peu de recul, il apparaît un peu délicat de confier un procés de cette envergure à un "bleu". La pression des médias et autres organisations était alors énorme, tiraillant notre juge de toutes part.
  • En outre, dans le système Français, le juge est censé faire l'instruction à charge ET à décharge, ce qui est d'une stupidité sans nom. Bien évidemment, il sera plus difficile à une seule personne de défendre les deux parties, surtout avec une pression médiatique telle.
  • Mais bon, on les a finalement relâchés! Oui, mais deux ans aprés. On est d'accord, ca n'est qu'un facteur aggravant, mais enfin quand-même! Si les procédures juduciaires étaient un peu moins lentes, on n'en serait pas tout-à-fait au même endroit.

Résumons donc:
  • Un juge qui a perdu les pédales sous la pression, alors que tout le monde sait qu'on travaille mieux dans la sérénité.
  • Un juge "bleu" qu'on jette en pature aux médias.
  • Un système qui remet tout (charge et décharge) sur les épaules de la même personne.
  • Un système lent.
  • Un système dans lequel le juge ne risque rien. Si ce n'est pour sa bonne conscience, il ne peut pas être tenu responsable.
Les solutions à ces problèmes:
  • Un examen de le détention provisoire tous les six mois. Voilà qui promet soit d'être fait à la va vite (donc inutile), soit d'être un facteur d'alourdissement pour la totalité du système judiciaire (donc facteur aggravant).
  • Le juge ne sera plus seul sur un dossier "complexe". Ca, c'est pas con. Il reste à définir ce qu'est un dossier complexe, et le rôle qu'aurait un juge supplémentaire dans un tel dossier, mais le pas est pas mauvais. Evidemment, il n'adresse directement aucun des problèmes qui ont contribué à ce fiasco.
Résultat des courses: Un rapport d'étude qui ne fixe pas grand-chose, mais laisse le problème en plan. On a l'habitude.

Mais à qui donc appartient Milka?

David contre Goliath

On lit un peu partout en ce moment la fameuse histoire de Milka contre Milka. Le débat tourne autour du site ouèbe de Milka Budimir. Milka est couturière et en 2001, son fils lui a offert son nom de domaine: http://milka.fr. Depuis deux ans (vers fin 2002 donc), Kraft Foods - propriétaire de la fameuse marque de chocolat Milka - veut lui reprendre, apparemment ardament.

On en est maintenant au procès. Non contente de se défendre, là où un autre aurait cédé sous la pression, notre couturière va contre-attaquer pour harcèlement. Même si cela ne marche pas, je trouve le geste plein d'humour et pas complétement dénué de sens.

Enfin... pour en revenir au sujet, c'est vrai que si Michelin.fr ne pointait pas sur notre constructeur de pneus national, on serait un peu déboussolés. Et ça n'est qu'un exemple. On peut cependant se demander... qu'est-ce qui donne à Milka (chocolat) "plus" le droit de posséder milka.fr que Mme Milka Budimir? Elle aussi possède une société : Milka couture.

De deux choses l'une maintenant. Soit l'on reconnaît la précédence: Milka (chocolat) ne semblait pas avoir pensé à enregistrer le site en 2001, alors que Milka (couture) l'avait fait. Soit l'on reconnait la loi du plus fort (heu, non, la loi du plus grand... enfin c'est pareil) en reconnaissant que Milka (chocolat) est une marque "plus" reconnue que Milka (couture), et donc qu'elle a "plus" besoin du site.

Seul l'avenir nous dira si la loi du plus fort règne encore en France. J'espère que non.