DRM: C'est quoi, et pourquoi?
Du temps ou tout support musical et vidéo était analogique (avant l'avènement du CD donc), tout allait bien. Vous pouviez copier une cassette ou un disque vynil en toute quiétude. Le processus, long, pas pratique et d'une qualité non-optimale était une limite naturelle à la propagation des copies illicites. Vu qu'il y a une exception dans le droit français pour la copie privée, tout cela allait gaiement de pair. Et le support d'origine vieillissait suffisamment vite pour vous obliger à vous en reprocurer un neuf aprés quelques centaines d'écoutes - pour vos albums ou films favoris donc. Les cassettes de dessins animés que vous aviez acheté pour vos enfants n'étaient plus vraiment utilisables pour vos petits-enfants.
Tel était le 'business model' que connaissait les 'major' alors. Aidées par la technologie (la possibilité de dupliquer un album et de le vendre à des milliers d'exemplaires), elles gagnaient beaucoup d'argent.
L'avènement du CD a quelque peu changé la donne. Enfin... Pas vraiment l'avènement du CD, mais plutôt l'avènement du lecteur et du graveur de CD que l'on trouve sur un ordinateur. La copie est rapidement devenue trés rapide et trés fiable. On pouvait copier un CD 'à l'identique' en quelques minutes. Pire! Internet a vite permis de partager cette copie avec le monde entier en quelques clics.
Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que personne n'y voit là un acte d'une grande moralité. Même les personnes farouchements opposées au DADVSI. Mais les majors sont devenues hystériques à ce propos.
L'action numéro 1 aura sans aucun doute été d'affubler les DVD d'un méchanisme de protection contre la copie, que nous appellerons CSS pour la suite. Il ne fallait pas reproduire l'erreur du CD. Malheureusement, ce méchanisme de protection a été contourné assez vite par un programme appellé DeCSS. Le méchanisme de protection du DVD n'était plus.
Pendant ce temps, les majors de la musique ont commencé l'action numéro 2: Attaquer en justice les personnes qui mettaient à disposition des musiques sur des réseaux P2P (Peer-To-Peer). Ils justifiaient leurs actions avec des chiffres ridicules sortis tout droit de leur chapeau. Genre: Les téléchargements online nous ont coûté 2000 milliards de dollars en manque à gagner. Ces affirmations étaient etayées par des chiffres en baisse. Mais rappellez-vous qu'on était alors en 2001 et qu'il y avait une crise mondiale des technologies. Au regard du reste de l'économie, l'industrie de la musique se portait plutôt bien.
Malheureusement, ces actions en justice n'ont fait que générer de nouveaux réseaux afin de se protéger. Elles n'ont en rien dissuadé les internautes de télécharger ni de partager.
La troisième action aura donc été d'attaquer l'auteur du logiciel de contournement de la protection du DVD (DeCSS) et tous ses canaux de diffusion en justice... Malheureusement, aucune loi ne précisait quoi que ce soit à ce sujet, et les cours de justice se sont retrouvées impuissante face au problème posé.
La quatrième action - en cours de finalisation en France - a été de rendre tout méchanisme de contournement de CSS (et des autres futurs méchanismes de protection) illégal. S'acheter une loi dont les majors avaient besoin: Le DADVSI. Aux états-unis, cette loi est passée depuis quelques années déjà: Elle s'appelle le DMCA.
Voilà pour le résumé. Tout cela semble presque logique si on ne regarde pas dans le détail. Il y a cependant deux points qui rendent au yeux des technophiles cette course en avant pathétique et alarmante:
- Cette loi donne aux producteurs de musique la mainmise sur TOUS les fabricants de lecteurs de DVD. Cela inclut notamment les logiciels pour PC. Tous ces constructeurs doivent recevoir l'autorisation des producteurs afin d'avoir le droit de "lire" un DVD. Les problèmes générés sont multiples: Pouvoir des majors qui peuvent réfuter ledit droit à tout moment, indisponibilité d'un lecteur logiciel sous Linux, etc.
- Cette loi ne changera rien, car toute méthode de protection contre la copie est par définition contournable. toutes l'ont été jusqu'à présent et tout indique que cela va continuer.