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Hadopi II, le retour

Je lis sur 20minutes.fr:

«Hadopi est nécessaire mais ne suffit pas», a commencé Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, dans les salons du ministère de la rue de Valois, ce jeudi midi à Paris.

Et que faisait ce brave homme là-bas? Il parlait de la suite à donner à la loi hadopi. Puisque cela ne suffit pas, autant en remettre une deuxième couche. Qu'importe que ce soit le matériau qui soit défectueux.

Je n'ai pas suivi Hadopi sur ce blog, et ce n'est pas parceque j'approuve. Hadopi est la matérialisation de ce que peut donner un législateur qui ne comprend pas ce sur quoi il légifère.

Alors c'est quoi le problème?

Pour ceux d'entre vous qui me lisent et qui et qui ne seraient pas aussi internetophile que moi, revenons sur ce qu'est Internet.

Internet est un réseau informatique. C'est un lien qui permet à tous les ordinateurs connectés de communiquer entre eux, de se parler. Sans un réseau, un ordinateur ne peut communiquer qu'à l'aide de son écran et de son clavier. Le réseau est aux ordinateurs ce que le langage est aux humains: un moyen de communiquer entre eux.

Partant de ce constat, comment peut-on empêcher un ordinateur de parler à un autre? Il faut lui enlever son moyen de communication, le couper d'Internet. C'est très facile.

Et commnent peut-on écouter ce qu'un ordinateur raconte à ses congénères? Il faut le mettre sur écoute. Il faut qu'une entité se place entre les deux ordinateurs et enregistre ce qu'ils se disent. Sauf que cette technique est déjà vieille comme l'Internet! Les ingénieurs ont donc déjà réfléchi à une parade, toute droite sortie de mon analogie avec le langage humain: si quelqu'un est à portée d'oreille lorsque vous voulez communiquer un message confidentiel à un tiers, vous pouvez communiquer par code. Les allemands utilisaient cela lors de la dernière guerre. C'était fastidieux et lent, mais avant que les anglais ne mettent la main sur une des machines, personne ne pouvait deviner ce qu'ils se disaient. Par contre, pour un ordinateur qui peut faire des calculs mathématiques rigoureux à toute vitesse, c'est enfantin.

Ainsi, lorsque vous payez par carte bleue sur Internet, vous n'allez plus sur un site en http: mais en https:le "s" veut simplement dire sécurisé. L'ordinateur ne sait pas si on l'écoute, mais par principe de précaution il encode toutes ses communications car il sait que le message à transmettre va devenir sensible.

À ce jour, personne ne peut décrypter ce genre de communication de façon utilisable. Évidemment, si on prenait tous les super ordinateurs du monde, on pourrait retrouver votre numéro de carte bleue en quelques années de calcul, mais ça n'est pas très utile en pratique pour intercepter les communications quotidiennes de millions d'internautes.

Et hadopi alors?

Hadopi dit simplement que c'est interdit de télécharger de la musique sans le consentement des détenteurs des droits d'auteurs. En d'autre termes, il est illégal de dire à son ordinateur de communiquer avec d'autres afin de transférer un fichier musical copyrighté.

Tout cela est bien beau, sauf quand on commence à se demander la façon dont on peut faire appliquer cette loi. Pour l'appliquer, il faut pouvoir faire des contrôles et donc mettre des PVs. Mais coder les communications de son ordinateurs avec un autre est tellement enfantin, que si tout le monde s'y met, jamais personne ne pourra savoir si mon ordinateur est en train de recevoir un mail, une recette de cuisine ou un fichier musical.

Comment faire pour contrôler dans ces conditions?

Rendre le codage illégal? Comment acheter sur internet dans ces conditions (n'importe qui pourrait intercepter vos codes CB, ou lire vos mails). Ce serait la mort de l'ecommerce. En plus, qu'est-ce que un codage? On peut facilement cacher un message codé dans un message qui apparaît comme non codé... Impratiquable donc, inapplicable ensuite.

La question apparaît insoluble. Elle l'est en effet. Quelle soit la technologie que vous employez, si je ne veux pas que vous compreniez ce que je raconte à ma femme, je pourrais toujours trouver un code qui rendra ma communication incompréhensible. Même si ça n'est pas utilisable en pratique par des humains, car nos facultés d'encoder un message sont très lentes, pour un ordinateur c'est enfantin.

Pourquoi cette loi alors? Personne ne se fera prendre!

Si, plein de gens se feront prendre. Tous les gens peu technophiles qui ne se méfient pas iront au pilori. Et les grandes maisons de disques accompagnés de nos hommes politiques nous diront "voyez, le téléchargement illégal recule, c'est bien la preuve que la loi marche!" alors qu'ils oublieront simplement de compter le million de personne qui se sont cachés et qu'ils n'ont plus les moyens de voir.

Pourquoi poussent-ils dans cette direction alors?

Parcequ'ils ont peur. Toutes les œuvres immatérielles (musique, vidéo, livres, ...) vont bientôt circuler librement et ils ne voient pas comment l'empêcher, l'endiguer.

L'information entre les individus a toujours circulé librement, sauf dans les régimes totalitaires. Cela n'est pas près de changer. Et les œuvres immatérielles sont finalement que de l'information. Ce qu'il y a qui change, c'est que Internet nous donne un moyen pratique qui manquait jusqu'alors pour faire passer cette information.

Alors finalement, si elle ne sert à rien, pourquoi attaquer Hadopi?

Parceque la loi est liberticide. Et qu'elle voulait instaurer un concept relativement effrayant: la présomption de culpabilité.

Certes, le conseil constitutionnel a coupé cette dernière partie, ouf! Mais quand on voit jusqu'où les legislateurs sont capables d'aller pour une loi inutile, on est en droit de craindre la version 2...