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Plateformes génératives vs non-génératives: C'est la guerre?

L'iPhone met-il en danger les plateformes génératives?

Oulà oulà, ça veut dire quoi tout ça? Et c'est quoi une plate-forme générative?

Plateformes génératives

Une plateforme générative est une plateforme qui permet de créer - de générer - de façon simple et attractive. Evidemment, on ne se réfère pas aux utilisateurs lambda ici mais aux programmeurs, étudiants en informatique et autre.

Typiquement, un pc sur internet en est le plus bel exemple. Un pc est une plateforme générative, internet en est une autre et la combinaison des deux en fait une cheminée à innovation.

De tout temps, un PC a été un moyen de programmer. Une fois que vous avez la bête en main, une multitude d'options s'offrent à vous pour développer vos propres applications à tous les prix. Cela commence à zéro euros en installant Linux puis en téléchargeant un des multiples environnements de programmation.

À partir de là, le ciel est la limite. C'est comme ça qu'ont démarré quelques unes de plus belles réussites de cette décennie: Google, Facebook, skype, etc. Et des milliers d'autres qui n'ont rien donné. L'innovation ne marche pas à tous les coups.

Evidemment, tout cela n'est pas sans défaut. Pas pour les power-users dont je parle, mais pour tous les autres. Dans la mesure où la plateforme est "ouverte", elle est aussi ouverte à toute forme d'abus. Sécuriser son ordinateur revient à la charge des utilisateurs, très largement incapables de faire le boulot. Par manque de compétence et de temps et de motivation. Mais surtout par manque de compréhension de l'impact potentiel.

Mais une plateforme ouverte est aussi par définition hétérogène. Chaque programmeur va utiliser des conventions différentes. Des concepts différents, bref il va être créatif. C'est le revers de la médaille en quelque sorte. Une plateforme hétérogène et puissante est naturellement perçue comme compliquée *** par les utilisateurs. Tout upgrade est disruptif par nature et peut vite tourner au cauchemar et à la dépense pour racheter les applications qui ne marchent plus.

Internet est lui aussi génératif. Internet n'est rien d'autre qu'un réseau informatique planétaire. Cela veut dire que tout ordinateur du réseau peut communiquer avec n'importe quel autre ordinateur. Les réseaux peer to peer sont là pour témoigner de la puissance du modèle: on peut partager un fichier de plusieurs giga-octets avec la terre entière sans pour autant devoir en supporter le coût ni saturer les lignes trans atlantiques. Msn messenger aussi: D'un click et quelques touches on parle en temps réel avec n'importe quelle personne sur terre. Gratuitement (enfin, faut être connecté hein!)

En contre partie, n'importe qui sur le globe peut essayer de forcer votre "porte" en cherchant - de son salon - une faille de sécurité chez vous. Impossible aussi de savoir qui vous êtes simplement. Sur l'ancien modèle (bbs, compuserve) la première chose que l'on vous demandait était votre nom et mot de passe.

Plateformes non-génératives

Par opposition le Minitel, lui, était non-génératif par nature. Un utilisateur ne peut rien en faire que de la consultation. Pour créer quelque chose il faut dépenser des sommes que seules des entreprises pouvaient se payer. Or, le principal moteur à l'innovation est la curiosité humaine. Une entreprise ne sera Innovente que s'il y a un intérêt économique à la clef.

Il était donc stérile - il ne gênerait qu'extrêmement peu de créativité et d'innovation.

De même, iOS, le système qui gère les iphones et les ipads, est par nature peu génératif. Les outils pour créer sur la plateforme sont payants et peu nombreux. Le SDK officiel d'Apple ne tourne que sur Mac. Pire: la plateforme est fermée, ce qui veut dire que c'est Apple qui décide ce que vous avez le droit de faire, pas vous!

En résultat, le champ d'action des développeurs iPhone est limité. Leur créativité l'est donc aussi.

Le revers de la médaille c'est que la plateforme est simplissime pour un utilisateur. Pas de maintenance à faire, pas d'antivirus à installer. La limite imposée par Apple limite aussi ce qu'une application malicieuse peut faire. Cela n'annihile pas la potentiel mais limite les moyens.

De plus, l'interface est homogène. Énormément d'applications fonctionnent sur les même concepts d'interface rendant l'expérience bien plus "lissée". Certains la qualifient de "monotone". Ils ne sont pas nombreux. La masse populaire, silencieuse, se régale de ne pas avoir à réfléchir.

Les mises à jour ne sont pas disruptives dans la mesure où les applications ne se conformant pas au "standard" n'existent pas!

C'est la guerre?

Certains y voient là un danger fondamental à la créativité. Si les plateformes comme l'iPhone venaient à se démocratiser elles pourraient remplacer les plateformes génératives et comment innover dans un tel monde? La question mérite d'être posée.

Ce n'est évidemment pas le bon débat. Le PC ne disparaîtra pas. Ni l'iPhone/iPad. Les deux vont trouver leur équilibre naturellement au sein de l'écosystème qui va autour: Androïd, Mac OS, linux, RIM, et autres.

Une question de goûts

Certains utilisateurs ont besoin de créer, il leur faut une plateforme générative. D'autres ont envie que "ça marche". Il leur faut une plateforme fermée. Pour ma part j'utilise Linux à la maison car j'ai besoin/envie d'avoir toute la liberté possible. Mon téléphone pour sa part est un iPhone. Parce que ce que j'attend de mon téléphone c'est qu'il ... Téléphone. Sans me prendre la tête.

Longue vie aux deux modèles de plateforme qui ont leurs cibles bien définie. Steve Jobs sait où il va. Steve Ballmer aussi. Et c'est pas au même endroit, même si leurs chemins se croisent parfois.