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Un perroquet sur l'épaule, une jambe de bois? C'est un pirate!

Pendant que notre maître-ès-culture (Fleur Pellerin dans le texte) s'amuse à nous créer de nouvelles taxes — la routine — pour financer un CNL qui ne sert pas plus que tout le reste du fatras dans son coin du gouvernement, elle essaye aussi de faire passer en douce une petite demande à la HADOPI. Trois fois rien.

En effet, comme chacun sait, la crise dans le domaine artistique est dûe aux méchants internautes qui téléchargent illégalement tout un tas de choses sur Internet, choses qui — si elles étaient achetées légalement — rapporteraient d'innombrables milliards de taxes à l'état, qui serait ainsi justement renfloué. Si, si, je vous assure. C'est avéré. Ce sont vraiment des méchants. Très.

C'est sur ce constat déjà pleinement à côté de la plaque que fut créée la HADOPI, Haute Autorité suprême qui fut un temps chargée de couper les connections internet des méchants pirates en espionnant leurs activités sur la toile. George Orwell, ça vous dit quelque chose? La cour Européenne dans son immense justesse jugea que quand-même, fallait pas trop déconner, et personne ne couperait l’accès internet de personne. Soit. Des fois, les institutions en place fonctionnent un peu. On aurait préféré qu'elle juge qu'il était illégal pour un gouvernement d'espionner ses contribuables, mais bon, on fait avec ce qu'on nous donne. La raison d'être première de la HADOPI ayant été ainsi démolie, la Haute Autorité fut donc définitivement entérinée. Le financement de cette blagounette continue jusqu'à ce jour (6 millions — presque rien) et ne semble pas prêt de s'arrêter. Sa mission est désormais de prévenir les internautes par email puis courrier interposé que ce qu'ils téléchargent se voit et que s'ils pouvaient télécharger de serveurs à l'étranger ou alors encrypter leurs communications, quand-même, ça se verrait moins. La mission est donc un succès éclatant puisque le piratage mesuré recule. Les internautes apprennent et le piratage disparait (du radar de la HADOPI).

Bien évidemment, tout cela ne suffit point. Les pirates restant des gens méchants, même si on ne sait plus qui ils sont, on se doute que leurs activités de l'ombre continuent envers et contre tout. Quand on vous dit qu'ils sont méchants! On leur a pourtant dit que c'était pas bien!

L'étape suivante pour notre Ministre de la culture favorite est donc d'établir une liste noire de sites qui deviendraient illicites en France, le tout au nom de la protection du droit d'auteur. Evidemment, si la cause est juste, la mesure l'est tout autant. En la critiquant, il est évident que je fais l'apologie du piratage et rien d'autre. Une autre raison serait en effet inconcevable.

Bref, la HADOPI va donc se voir offrir une autre mission, celle de recenser les sites massivement contrefaisants. Qui va juger de la massivité de la contrefaçon, on ne sait pas, c'est encore un peu flou. Mais ça va le faire, ne vous inquiétez pas.

Bon, et après? Une fois que la HADOPI a listé tous les sites proposant massivement des téléchargements illégaux? Et bien on la publie. Comme ça. Parce que bon. Après tout, c'est bien payé par nos impôts, c'est donc un service public. Savoir où pirater la dernière saison de Under the dome ou le dernier The Expendables c'est pratique. Je propose pour cette liste de l'appeler tout simplement L'annuaire du petit pirate. Qu'est-ce que vous en pensez? Je trouve que ça claque bien.

Alors on lit à droite et à gauche que l'idée de cette liste serait de bannir lesdits sites. Je n'ai rien vu dans le discours de la ministre qui puisse le laisser présager. Mais les connaissant, cela viendra sans doute. Ce sera l'occasion d'en reparler. Censurer le Net serait à mon point de vue bien plus grave que de publier un annuaire des sites pirates.